Intervention de Paola CASAGRANDE du 23/09/2023 – “Peut-on encore faire l’éloge de l’amour ?”

Intervention de Paola CASAGRANDE du 23/09/2023 – “Peut-on encore faire l’éloge de l’amour ?”

Dans le cadre d’une journée d’étude intitulée “masculinféminin+” organisée par le cartel messin FEDEPSY…

 

Masculinféminin+

Question(s) de genre

 Cloître des Récollets-23.09.2023

 

Texte de l’intervention de Paola CASAGRANDE, psychanalyste :  

 

 

Peut-on encore faire l’éloge de l’amour ?

 D’emblée je fais cette réponse radicale : non seulement on le peut, mais on le doit. Je fais mienne cette affirmation de Jacques Lacan dans L’éthique de la psychanalyse : seuls l’amour et la beauté peuvent nous sauver de l’abjection.

Dans l’enseignement de Jacques Lacan l’amour a occupé une place très importante, contrairement à la haine qui pointe son nez dans le fameux néologisme de Lacan, l’« hainamoration » qui contracte en un seul mot amour et haine comme les deux faces d’une même médaille, deux passions de l’Être. Face aux actes barbares ou aux propos éloignés de toute forme  d’humanité, nous avons souvent cette interprétation, nous autres psychanalystes : l’absence de travail de pensée vient délier haine et amour au point de laisser la haine faire cavalier seul. La haine se « déchaîne ». Et dans certaines périodes historiques l’ « autre » est plus que de raison un « dépotoir de haine ». Les exemples ne manquent pas. Alors vient immédiatement la question : Que faire ?

Contexte politique

J’ai mesuré cet été – s’il le fallait – l’importance de ce phénomène de « dé-liaison », autrement dit de la tentation de la haine à l’œuvre dans nos sociétés. Je vais vous narrer brièvement ce dont j’ai été témoin dans la presse italienne.

Je rentre d’Italie où j’ai évidemment un peu suivi ce qu’il s’y passe politiquement. Et comme l’Italie a bien souvent une longueur d’avance sur la France je voudrais vous raconter une affaire qui a fait la une de tous les journaux et divisé la classe politique, affaire qui j’en suis bien certaine devrait fort vous intéresser. Il s’agit de la sortie d’un livre que je n’hésite pas à qualifier de « dégoûtant », écrit par un général en poste, ancien chef des parachutistes, un dénommé Roberto Vannacci. Le titre : “Il mondo al contrario” (Le monde à l’envers).

Cela pourrait nous laisser indifférents ou sans réaction si ce livre ignoble ne battait les records de vente et ne cessait de faire parler de lui des mois après sa parution. C’est dire l’état d’ignorance d’une certaine population qui fréquente les librairies. Enfin, pas toutes les librairies, car bon nombre d’entre elles en ont refusé la vente.

C’est un livre qui prétend analyser “la dictature des minorités », il est écrit dans un langage trivial et sexiste. Deux exemples de ce que l’on peut y lire : “Cari omosessuali, normali non lo siete, fatevene una raggione”. Traduction : « Chers homosexuels, vous n’êtes pas normaux, faites-vous une raison ». Ou encore, à propos de la championne de volley-ball de l’équipe nationale  italienne Paola Egonu dont il parle ainsi : “Italiana di cittadinanza ma è evidente che i suoi tratti somatici non rappresentano l’italianità”. Traduction : « C’est une Italienne naturalisée, mais il est évident que ses traits somaliens ne représentent pas “l’italianité” ».

Des réactions il y en eut. Le ministre des armées voulut le limoger, critiqué aussitôt au nom de la liberté d’expression. Le général quant à lui argua qu’il avait bien le droit de dire ce qu’il pensait, d’autant que, prétendit-il, beaucoup d’Italiens pensaient comme lui. Voilà une opération discursive qui consiste quasiment à « obliger à dire » (sous-entendu comme lui), ce que Roland Barthes appelait « fascisme de la langue », en 1977, lors de sa leçon inaugurale au Collège de France. Barthes disait que le fascisme de la langue ne consiste pas à « empêcher à dire » mais à « obliger à dire ». Evidemment on ne peut pas s’éviter de penser à cette « liberté » que prennent nombre de discours politiques qui prétendent dire tout haut ce que l’on penserait tout bas. On voit ce que ça donne aujourd’hui…

La droite se divise. La gauche est révulsée. Ce militaire  fut immédiatement défendu par Matteo Salvini, actuel vice-président du conseil et ministre des infra-structures et des transports. Ce ministre en poste dit en substance qu’il est hypocrite de critiquer ce grand général qui défend les idées qui ont fait gagner l’actuelle coalition. A savoir : homophobie, sexisme, racisme. Il faut souligner que des partis de droite extrême admiratifs voudraient voir ce général qui s’invente « essayiste » candidater à un poste à responsabilité politique. Ce qu’il aurait pour l’instant refusé.

Des catastrophes intellectuelles de ce type nous propulsent à des années-lumière de la beauté et de l’amour. C’est sans doute Lacan, avec sa théorie des quatre discours, qui a le mieux démontré que si la communication humaine n’implique aucun espace d’intersubjectivité égalitariste, le discours du maître se fonde sur « la prescription violente d’un signifiant maître « irrationnel » au sens strict, c’est-à-dire en-deçà duquel toute justification rationnelle  devient inopérante [1]». N’est-ce pas la prescription violente d’un « signifiant maître irrationnel » qui prépare les actes antisémites, racistes, machistes, homophobes. Pensez aussi à ce qui défraie la chronique en ce moment : le harcèlement entre enfants. Tous ces actes dont on dit qu’ils sont incompréhensibles si l’on omet d’envisager leur déclenchement par une forme de discours apparenté au discours du maître. Un discours qui se veut discours de vérité. Avant la violence des corps à corps, il y a la violence du discours qui désigne, assigne, qui construit une image et la véhicule, violence des discours qui témoignent d’une recherche de satisfaction sauvage des pulsions. Des discours de haine aux actes de haine il n’y a qu’un pas…

Que faire ?

« Le comble de notre désarroi, disait Jean Luc Nancy, c’est que nous n’osons même plus poser la question[2] ».

Quels sont les antidotes à la haine (à notre propre haine)  dont nous disposons ? Parmi les « remèdes sédatifs » au malheur ontologique de l’homme Freud recommandait de faire diversion par les activités intellectuelles au nombre desquelles il citait la recherche scientifique ; de faire diversion encore par la recherche de « satisfactions substitutives » en sublimant (mais, prévenait-il, cela est « accessible à peu d’hommes ») ou en se laissant fasciner par l’art. J’arrête là la liste des remèdes, plongez-vous dans cet ouvrage de Freud, Malaise dans la civilisation, toujours d’actualité. Mais la liste des remèdes n’est pas si longue.

Les discours et actes haineux nous entraînent dans la vision d’une communauté obsédée par l’idée d’une illusion du UN. Le UN  divise et exclut quand la pensée raisonnable imagine une sphère du « commun ». Le UN rejette en périphérie l’  ennemi du moment désigné par le groupe dominant. J’emprunte cette idée de « sphère du commun » qui s’oppose à l’illusion confortable du UN à Jean Luc Nancy ; elle est  composée des diversités « qui déploient leurs multiplicités et avec elles une ouverture vers l’infini[3] » ; elle permet le voisinage des hommes par la co-existence des diversités, avec leurs possibilités infinies de l’ordre des sens.

Cette ouverture vers l’infini consiste en une addition, à l’infini, des sublimations des hommes, à l’origine de la culture.  Je classe résolument l’amour dans la liste des sublimations.

 

L’amour et la psychanalyse

Nous autres psychanalystes, que faisons-nous de l’amour ? Nous qui ne pouvons ni ne devons demeurer en-dehors de notre époque, de  ses mutations  et de ses abus de langage. Au-delà des concepts psychanalytiques qui nous aident à penser notre pratique, nous ne pouvons pas éluder celui de l’égalité des Êtres, comme postulat, qui pour moi constitue le ciment de notre posture philosophique sans laquelle notre « place », notre « désir » disait Lacan, ne pourrait être cette « place vide » qu’il a théorisée et qui permet à l’analyste de conduire tout analysant à faire la conquête de sa vérité. Ce qui ne veut pas dire que l’analyste fait le mort, n’est-ce pas ! La place vide garantit à l’analysant une  écoute neutre, « une écoute amoureusement distraite », a pu dire Julia Kristeva. Vient poindre ici l’Amour, au centre de la pratique analytique. Car le transfert, ressort absolu de l’analyse, s’apparente à la relation amoureuse, comme l’a avancé Lacan dans son séminaire Le Transfert en commentant Le banquet de Platon. N’y a-t-il pas affirmé : «  La cellule analytique, même douillette, n’est rien de moins qu’un lit d’amour [4]». Joli n’est-ce pas ?

Qu’est-ce qui conduit en psychanalyse la plupart de nos patients si ce n’est l’objet d’amour, un « commun ». L’objet d’amour dont ils ont manqué ou qui les a étouffés, celui qu’ils recherchent éperdument, celui qu’ils ne peuvent atteindre se sentant empêchés par un corps qu’ils jugent inapproprié, qu’ils veulent modifier pensant qu’une transformation les rendra plus aimables ou plus désirables. Rappelons que le corps est la première surface d’inscription, morcelée à l’origine, avant d’accomplir sa révolution euclidienne. Demeure cependant pour Lacan la prégnance du fantasme du corps morcelé qui viendrait témoigner du rapport toujours embarrassé entre l’Être parlant et son propre corps. La discontinuité radicale entre le corps et le sujet, la « dysharmonie structurelle » pourrait-on dire signe la singularité du désir qui ne connaît pas la norme.  La psychanalyse n’a jamais dit autre chose : le désir ne connaît pas la norme.

Une des thèses essentielles de Lacan qui se déploie dans toute son œuvre est que l’homme immergé dans un bain de langage est voué à l’excès et au manque, que son corps lui-même est affecté par le langage, « qu’il est un être dont la jouissance n’est jamais en harmonie avec son propre corps, ni avec le corps de l’autre, ni avec son désir[5] ».

Le « commun » de la demande analytique est toujours une demande d’amour adossée à la question du corps,  un corps à aimer, pour aimer, et être aimé. J’entends parler d’effet de mode qui viendrait influencer les revendications actuelles diverses et variées. Un argument tellement facile ! Je n’y crois tout simplement pas. Ou peut-être, cela ne m’intéresse pas, car cet argument n’aide pas à penser. A chacun sa manière de fonctionner ou de dysfonctionner, qui serions-nous pour en juger ? Je m’en tiens à cela !

Parlons sexe et amour. « All you need is love », chantaient les Beatles. Ou Lacan : « L’amour ne s’écrit que grâce à un foisonnement, à une prolifération de détours, de chicanes, d’élucubrations, de délires, de folies – pourquoi ne pas dire le mot n’est-ce pas – qui tiennent dans la vie de chacun une place énorme[6] ».

Lacan a produit certains aphorismes qui ont fait l’effet de bombes mal comprises et qui l’ont rendu détestable auprès de certains courants féministes. Celui-ci : « LA femme n’existe pas ». Comment l’entendre ?  La Femme avec un grand F n’existe pas, la femme et l’homme ne disposent d’aucune essence déterminée bien qu’au niveau des gamètes et des chromosomes il y ait deux sexes parfaitement différenciés. Donc pas de « nature de la femme », pas de « nature de l’homme ».  Plutôt féministe non [7]? Lacan commence ainsi dans le Séminaire Encore à répondre de façon différée à Simone de Beauvoir en posant sa formule – “La femme n’existe pas” – Simone de Beauvoir affirmait en 1949 dans Le Deuxième Sexe : “On ne naît pas femme, on le devient.”

Autre bombe : « Le rapport sexuel n’existe pas ». Voilà un commun, un autre,  à toutes formes de combinaisons. Ce qui ne signifie  pas qu’il n’y ait pas d’acte. Mais de « rapport », nenni. Vous aurez beau être collé à l’autre dans un acte qui peut vous donner entière satisfaction, ou pas, celui-ci vous renverra toujours à votre  plaisir propre, vous ramènera toujours à votre narcissisme. « Le sexuel ne conjoint pas, il sépare », résume Alain Badiou dans son Eloge de l’amour. Le sexuel échoue à faire du Un avec du Deux (ou plus). L’échec d’atteindre autrui par l’acte est patent, ce qui pousserait à la répétition de l’acte comme tentative, encore et encore, de réussir enfin la symbiose impossible. Reste le plaisir, de soi à soi. Avec l’autre comme médiateur-témoin du plaisir propre, présent ou pas.

Savoir que cela rate toujours (Le « Il n’y a pas de rapport sexuel ») nous donne la dimension de la prétention qu’il y aurait, en tant que psychanalyste, à savoir pour un  autre comment ne pas « rater » son rapport à l’autre. Le non-rapport sexuel ne signifie pas qu’il n’y a pas d’acte sexuel. Il signifie qu’entre moi et l’autre il n’y a pas de rapport de continuité, qu’il n’y a que des tentatives vouées à l’échec.

 

Sommes-nous alors condamnés à l’errance et à la solitude infinies ? Sommes-nous voués à chercher des supplétifs dans les objets marchands, dans l’égoïsme effréné, les replis identitaires, la haine de l’autre et ses conséquences  désastreuses que je n’énumère pas tant ses déclinaisons sont innombrables, la guerre en étant l’archétype ?

Je laisse entendre ici que les penchants agressifs des hommes ont  leur origine dans le « il n’y a pas de rapport sexuel ».

Lacan, encore lui, offre une porte de sortie dont le sujet peut se saisir, ou se laisser saisir, une sortie qui nous distingue du monde barbare : « S’il n’y a pas de rapport sexuel dans la sexualité, l’amour est ce qui vient suppléer au manque de rapport sexuel », affirme-il.

Comment comprendre cette affirmation  essentielle  qui est au centre de toute pratique psychanalytique ? Pour Lacan l’amour n’est pas le déguisement du rapport sexuel (qui n’existe pas).  L’amour vient à la place de ce non rapport. Quand dans l’acte sexuel le sujet est en rapport avec lui-même (avec la médiation de l’autre), dans l’amour le sujet va au-delà du narcissisme, au-delà de lui-même. L’amour s’adresse à l’Être même de l’autre. On doit à Alain Badiou de belles pages sur l’amour dans son Eloge de l’amour, paru chez Flammarion en 2009. Badiou compte l’Amour parmi les quatre procédures de vérité[8] désintéressées qui mettent les hommes au service de la création, les trois autres étant la Science, l’Art et la Politique (et Badiou précise : la politique  à entendre comme « détermination du sort commun »). Toute procédure de vérité consiste à « inventer » une nouvelle manière. Et forcément on y rencontre, dit Badiou, des obstacles considérables, comme dans tout acte créatif : des aléas, des maladresses, des échecs. Et de dire : « C’est un travail que l’amour ».

Je voudrais vous laisser entendre que la cure analytique soutenue par le transfert que Freud et Lacan apparentèrent à l’énamoration, est à ranger dans les procédures de vérité qui consiste à « inventer » une nouvelle manière d’habiter le langage, et par là-même le Monde.

Dans mon travail d’analyste, j’entends l’association des signifiants qui défilent et se ré-agencent, délimitant ce creux dans lequel se niche la Chose indicible. Et cela forme une belle  texture, un flux ininterrompu qui se perd dans l’espace de la cure et que vient parfois rompre une fulgurante surprise. Surprise de l’analysant, surprise de l’analyste, saisis tous deux par des agencements inédits produisant un savoir nouveau qui ne cesse de reconstruire le sujet. Car c’est bien de cela qu’il s’agit durant la cure analytique ; il s’agit de déconstruire/reconstruire un édifice, une structure composée de signifiants dont le nouage  peut se ré-agencer au gré des associations libres dans un élan créateur venant dévoiler l’Autre-scène. C’est cet « élan », créateur de nouveaux nouages, soutenu par le transfert, qui peut venir modifier la structure bancale et source d’embarras, jusqu’à lui donner une architecture qui tienne un peu mieux. La cure est donc bien une procédure de vérité, telle que l’entend Badiou.

La relation transférentielle dans la cure analytique et la relation amoureuse participent d’un même mythe et d’une même forme de croyance que Freud nommait « laïque ». Elles sont toutes deux une création sublime, une invention singulière. Elles sont la confiance faite au hasard.

Ce qu’il ne faut pas manquer dans cette affaire sur l’amour naissant, nous dit Lacan, c’est, je le cite : « la triplicité qui s’offre à nous livrer ce en quoi je fais tenir l’essentiel de la découverte analytique […].   Celui qui s’engage dans la montée vers l’amour procède par une voie d’identification et […] de production, y étant aidé par le prodige du beau »[9]. « Au commencement de l’expérience analytique, rappelons-le, fut l’amour », dit Lacan au début du Séminaire Le transfert, un Séminaire où son ambition fut de mettre en évidence la structure de l’amour. Ici il faudrait parler de l’objet précieux et sublime que l’amoureux croit trouver : l’agalma. Mais le temps manque…

L’amour nous entraîne, dit encore Alain Badiou « dans les parages d’une expérience fondamentale de ce qu’est la différence […]. C’est en cela qu’il a une portée universelle, qu’il est une expérience personnelle de l’universalité possible [10]».

Je laisse le mot de la fin à Lacan qui raconte joliment ce qu’il appelle « le mythe de l’amour » : « Cette main qui se tend vers le fruit, vers la rose, vers la bûche qui soudain flambe, son geste d’atteindre, d’attirer, d’attiser, est étroitement solidaire de la maturation du fruit, de la beauté de la fleur, du flamboiement de la bûche. Mais quand, dans ce mouvement d’atteindre, d’attirer, d’attiser, la main a été vers l’objet assez loin, si du fruit, de la fleur, de la bûche, une main sort qui se tend à la rencontre de la main qui est la vôtre, et qu’à ce moment c’est votre main qui se fige dans la plénitude fermée du fruit, ouverte de la fleur, dans l’explosion d’une main qui flambe ;  alors, ce qui se produit là, c’est l’amour[11] ».

 

Paola Casagrande, psychanalyste

 

 

[1] Slavoj Zizek, Violence. Six réflexions transversales, Au diable vauvert, 2008, p. 87.

[2] Jean luc Nancy, Que Faire ?, 2016, Galilée, p. 12.

[3] [3] Jean Luc Nancy, Démocratie finie et infinie, dans Démocratie, dans quel état ? , La fabrique, 2009, p. 93.

 

[4] Jacques Lacan,  « Au commencement était l’amour », dans le Séminaire VIII le transfert, p 24.

[5] Jacques Alain Miller commentant en 2001 sur France culture aux Nuits de France culture le « Petit discours à l’ORTF » prononcé par Lacan en 1966.

[6] Jacques Lacan en Italie, 30 mars 1974, cité par J. Allouch.

 

[7] Lacan introduit le terme sexuation pour indiquer l’élément subjectif de choix, tributaire de ce qu’il a appelé les formules de la sexuation. Ces dernières donnent des repères quant à la manière possible de se loger dans le sexe, au-delà des stéréotypes de la désignation homme/femme. C’est ainsi que dans son Séminaire Encore, il énonce ce choix dans les termes de « la part dite homme[vii] », « la part dite femme ».

[8] Alain Badiou : « La vérité, en revanche (que l’âge “classique” aurait abusivement assimilé au savoir : voir, par exemple, la mathésis universalis), serait ce processus de fidélité à un événement (une nouveauté radicale introduite telle un excès par rapport à une situation donnée) qui provoque une trouée et une rupture dans les savoirs établis, rupture en ce sens que ce qui a rendu possible la procédure de vérité – l’événement singulier – n’était pas pensable dans la langue “officielle” de la situation. On dira donc qu’une procédure de vérité est un processus de rupture immanent hétérogène aux savoirs » (Entretien avec Alain Badiou en 1999).

[9] Jacques Lacan, « Agalma » dans le Séminaire VIII Le transfert, p.164.

[10] Alain Badiou avec Nicolas Truong, Eloge de l’amour, Flammarion, 2009, p. 22-23.

[11] Jacques Lacan, « La psychologie du riche », dans Le séminaire VIII Le transfert, déjà cité, p.67.

Illustration : Odile Jager-Poirel – Ex voto, encre sur papier

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